Les Secrets du corps humain à la Renaissance :
de Léonard de Vinci à André Vésale
Alexis Drahos a présenté un large aperçu clair et précis des relations qui se sont nouées entre le monde artistique et la médecine à la Renaissance.
Des premières scènes de dissection de l'Antiquité à la Renaissance il a présenté cette période de l'histoire de la médecine à travers de grandes figures comme Hérophile, Galien et Vésale.
Cette conférence a, ainsi, été l’occasion de revivre les grandes découvertes anatomiques et médicales tout en admirant des chefs-d’œuvre des grands maîtres de la Renaissance notamment :
- Le Christ mort au tombeau peint par Hans Holbein le Jeune entre 1521 et 1522. Hans Holbein le Jeune, pour évoquer le cadavre du Christ, a représenté de façon réaliste le corps d'un homme venant d’être mis à mort. C’est à l’époque une nouveauté radicale qui a beaucoup choqué. Le tableau représente un corps, nu, grandeur nature présentant toutes les caractéristiques de la décomposition, ce qui contrarie l’espoir que ce corps puisse être ressuscité trois jours plus tard.
En 1867, Fiodor Dostoïevski a vu le tableau et en a été bouleversé. Dans ses notes sur l’Idiot, Anna Dostoïevskaïa, son épouse, revient sur cet épisode : « Cette œuvre l'avait traumatisé et il m'avait dit alors : "Un tel tableau peut faire perdre la foi ». L'incident réapparaît dans le roman, où le prince Mychkine, voyant une copie du Christ mort, s'exclame : « Mais ce tableau peut faire perdre la foi à n'importe qui ! »
- Les études anatomiques de Léonard de Vinci. Léonard de Vinci a réalisé une trentaine de dissections. Il ne s’intéresse pas seulement à l’anatomie superficielle mais aussi à l’anatomie profonde et pratique également l’anatomie comparée. Léonard de Vinci opère une rupture avec son approche cérebro-centriste et non cardio-centriste. Enclin à l’empirisme et à l’observation pratique, il porte un regard prudent sur la tradition livresque mais sans pour cela remettre en cause les principes de Galien.
- Le David de Michel Ange. Vasari en dit « pour arriver à la perfection absolue, il pratiqua abondamment les dissections anatomiques pour repérer les attaches et les ligaments des os, des muscles, des nerfs, des veines, les articulations et les positions des corps, et non seulement des êtres humains mais aussi des animaux, […]. De tous les êtres, il voulut connaître l’organisation fondamentale en vue de les représenter : cela fût si bien démontré dans tout ce qu’il traîta que le spécialiste ne fait pas mieux. ».
Avec son David, Michel-Ange prend le contre-pied de la tradition attachée à représenter un combattant venant de terrasser son adversaire. Le jeune homme est idéalisé, son corps viril et athlétique est une incarnation du courage qui, dans la Florence du 16ème siècle, prenait aussi un sens politique : la résistance de la jeune république. Michel-Ange a conçu une statue destinée à être installée dans une niche de la cathédrale, c'est pourquoi il a sculpté des mains disproportionnées afin que vue d'en bas la statue conserve son harmonie anatomique. Son David a, en conséquence, été qualifié de « manu fortis », c'est-à-dire de fort à bras.
La statue est admirée pour sa perfection, mais il lui manque un muscle. sur le côté droit du dos, entre la colonne vertébrale et l'omoplate. En réalité, il ne s'agit pas d'une erreur, Michel-Ange était conscient, comme il ressort d'une lettre, qu'en raison d'un manque dans le bloc de marbre, le muscle n'a pas pu être reproduit.
- Les publications de Jacopo Barigazzi alias Berengario da Capri. Professeur à Bologne, Jacopo Barigazzi est l'un des premiers à utiliser l'illustration commentée dans ses ouvrages d'anatomie. Il est considéré comme le plus grand anatomiste avant Vésale. Il est le premier à défier Galien en remettant en cause le « rete mirabele » chez l’Homme.
- « De humani corporis fabrica » est un traité d'anatomie humaine rédigé de 1539 à 1542 par André Vésale médecin et anatomiste, publié en 1543 (cette même année, Nicolas Copernic publie « Des Révolutions des Orbes Célestes »). Cet ouvrage, qui accorde une grande place aux illustrations, est destiné aux scientifiques et aux artistes. Il est fondateur de l'anatomie moderne. Il remet en cause les affirmations de Galien et participe ainsi à de nouvelles représentations de l'homme et du vivant.
Pour conclure, si la Renaissance nous évoque d’abord de belles madones, il ne faut pas oublier qu’elle est également synonyme de l’exploration du corps humain.
Ceux qui souhaitent approfondir la question peuvent visionner cette présentation Art & médecine par Alexis Drahos en cliquant sur le lien ci après :