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Le Caravage, un peintre en rupture
Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage (1571–1610), ce peintre de génie, au tempérament impétueux, voire violent, est à l’origine d’une véritable révolution picturale.
Il a réussi à démoder tout ce qui se faisait avant lui dans la peinture. Le Caravage a une réputation sulfureuse qui est loin d’être usurpée. Il joue aussi bien du pinceau que des poings et de l’épée, ce qui lui vaudra d’être emprisonné à plusieurs reprises. En 1606, il tue un jeune homme lors d’une rixe, ce qui le contraint à s’exiler. Atteint de malaria, on suppose qu’il s’est éteint dans le sud de la Toscane avant d’avoir atteint ses 40 ans.
Sa carrière de peintre se déroule pendant la Contre-réforme, par laquelle l'Église catholique combat la Réforme protestante. Elle fixe à la peinture la mission d’affermir la foi.
Le clergé étant l’un des principaux commanditaires, les peintres étaient tenus de respecter des principes visant à simplifier les images en réaction à la complexité de la peinture maniériste dans le but d’émouvoir et de convaincre.
Anne Delage a rappelé que c’est Roberto Longhi, qui, avec sa thèse soutenue en 1911, a révélé Le Caravage et son style direct et naturaliste. Il considère le Caravage comme le premier des peintres « modernes ».
Nicolas Poussin a dit qu’« Il était venu pour détruire la peinture. »
Le Caravage a travaillé pour l’Église, commanditaire essentiel de l’époque.
Il fait sensation en proposant un style novateur dans le traitement des thèmes religieux : l’artiste humanise le divin, représente les saints avec réalisme et joue sur la dramatisation du clair-obscur. Le peintre traite avec autant d’importance et d’une manière similaire les sujets profanes et religieux. Il travaille dans l’obscurité et créé physiquement les effets du clair-obscur pour renforcer la narration. Il n’effectue jamais de dessins préparatoires.
Ses contemporains caractérisent ses œuvres par :
- L’extravagance, comme une invitation au débordement.
Son autoportrait en Jeune Bacchus malade (1591) est, à l’époque, une représentation inhabituelle de la divinité (jeune, seule et malade). Il y affirme aussi sa passion pour le réalisme.
- Le Pathos, avec comme instruments l’ombre et la lumière.
Le Crucifiement de Saint-Pierre (1600–1601). Dans ce tableau, il le représente crucifié la tête en bas, le corps en raccourci, sans détails superflus. Les trois bourreaux ont le visage dans l’ombre. Le visage du vieil homme témoigne de la douleur ressentie par le crucifié. On est très loin d’une vision glorieuse du martyr chrétien.
- La stupeur, une nouvelle expressivité pleine de violence.
Entre 1601 et 1606, il exécute le tableau « la Mort de la Vierge », dont le réalisme, à l’opposé de l’iconographie conventionnelle qui soulignait la sacralité de la Vierge, a provoqué un scandale et a été rejetée par ses commanditaires. Dans une composition pleine d’effets de clair-obscur, la Vierge est représentée défunte, dans son humanité.
En 1602, il peint « Judith décapitant Holopherne». Le réalisme et la violence de cette scène sont une révolution dans la peinture. Ce qui l’intéresse dans cette scène d’une extrême violence, c’est ce qui traverse les âmes. Ainsi, le peintre y saisit les derniers instants du général où Judith ne détourne pas les yeux du sang qui gicle, elle semble à peine troublée par la réalité de ce qu’elle exécute.